mercredi 27 janvier 2010

L'histoire de la formule 1 : 4ème épisode, Mika Häkkinen (3ème partie)

Bonsoir !
Après de longues semaines d'absence, me revoilà donc enfin avec la suite et la fin de ma petite biographie de Mika Häkkinen, que nous avions laissé à Suzuka à la veille du 16ème et dernier grand prix de la saison 1999.





Il « suffit » donc à Häkkinen de gagner ce grand prix du Japon pour ceindre sa 2ème couronne mondiale consécutive. Quant à Irvine, une 3ème place lui assurerait son 1er titre mondial. Le week-end japonais tourne au cauchemar pour l’Irlandais : 10ème et 12ème des séances d’essais libres, il pulvérise sa Ferrari le samedi matin, et ne peut faire mieux qu’un décevant 5ème chrono aux essais qualificatifs. Les choses se passent mieux pour Häkkinen qui se place en 1ère ligne, juste derrière le poleman, Michael Schumacher. L’allemand a pour objectif de bloquer Häkkinen, et permettre ainsi à Irvine de passer le pilote de la McLaren-Mercedes.

Or dimanche, rien ne se passe comme prévu. Häkkinen effectue un départ magistral, et chipe la 1ère place à Schumacher. Pire pour Ferrari : si Irvine parvient à passer Frentzen et Coulthard, il est lui-même passé par un Olivier Panis des grands jours, parti comme une fusée sur sa Prost-Peugeot depuis la 6ème place. A la fin du 1er tour, l’ordre est le suivant : Häkkinen, M.Schumacher, Panis, Irvine, Coulthard. Bloqué derrière la Prost de Panis, Irvine perd un temps précieux. Au moment de l’arrêt aux stands du Grenoblois, Irvine est 3ème à 30 secondes d’Häkkinen ! Personne ne pourra le rattraper, y compris Schumacher. Et au terme d’une course limpide, Mika Häkkinen franchit la ligne d’arrivée en vainqueur, et en champion du monde pour la 2ème fois consécutive. Un exploit réalisé uniquement à 6 reprises depuis 1950. Et ce n’est pas la perte du titre des constructeurs (au profit de Ferrari) qui gâchera la fête chez McLaren-Mercedes. Le prochain objectif d’Häkkinen, remporter un 3ème titre consécutif, exploit réalisé jusqu’à présent par le seul Juan-Manuel Fangio.

Comme il est de coutume depuis 1996, la saison débute à Melbourne. Ce grand prix d’Australie, le 1er du nouveau millénaire, commence sans surprise avec une 1ère ligne 100% grise : Häkkinen devance Coulthard, mais les McLaren-Mercedes sont moins dominatrices que lors des deux précédentes éditions puisque Michael Schumacher et son nouvel équipier Rubens Barrichello ne sont qu’à 5/10èmes. Lors de la course, les deux pilotes des flèches d’argent sont contraints à l’abandon suite à des problèmes moteurs, alors que Schumacher, vainqueur du grand prix, restait collé à leurs basques. Scénario identique à Interlagos, Schumacher l’emporte et Häkkinen est contraint à l’abandon. Pour le retour de la F1 en Europe, Häkkinen doit impérativement réagir. Mais sur les terres de Ferrari, à Imola, le finlandais volant devra se résigner à la 2ème place, après que Michael Schumacher et Ferrari aient offert une formidable leçon de stratégie à leurs adversaires. Avec 24 points de retard sur l’Allemand, Häkkinen est mal parti au championnat. D’autant plus qu’un autre adversaire pointe le bout de son capot : David Coulthard, son propre équipier, qui remporte le GP de Grande-Bretagne à Silverstone, devant Häkkinen et Schumacher. A Barcelone Häkkinen prend sa revanche et s’impose devant Coulthard. M.Schumacher termine 5ème mais 15 jours plus tard il s’offre une brillante victoire au GP d’Europe après avoir infligé une nouvelle leçon stratégique à Häkkinen (2ème) et Coulthard (3ème). L’Allemand paraissait même pouvoir décrocher le gros lot à Monaco avant qu’un problème d’échappement ne le contraigne à l’abandon. C’est finalement Coulthard qui gagne le jackpot et la victoire, tandis qu’Häkkinen termine 6ème après une course qui a tourné pour lui au chemin de croix. Chemin de croix qui se poursuit pour l’épreuve suivante au Canada où il ne peut faire mieux que 4ème, alors que devant Michael Schumacher et Rubens Barrichello signent le doublé pour la Scuderia Ferrari.

Les McLaren-Mercedes renouent avec le succès le 2 juillet à Magny-Cours, mais c’est Coulthard qui l’emporte devant Häkkinen. Décidemment, le finlandais n’a plus un mais deux adversaires à battre, et à abattre … C’est chose faite 2 semaines plus tard en Autriche : « The flyiing Finn » l’emporte devant Coulthard tandis que Schumacher a été contraint à l’abandon au 1er virage. Ce scénario catastrophe pour l’allemand se reproduit la semaine suivante chez lui, à Hockenheim. Percuté par Giancarlo Fisichella, sa course s’arrête après 300 mètres. Häkkinen effectue la bonne opération du jour en terminant 2ème derrière Rubens Barrichello qui remporte une émouvante 1ère victoire. Au championnat, Michael Schumacher n’a plus que 2 points d’avance sur les deux flèches d’argent d’Häkkinen et Coulthard.

Le finlandais prend le pouvoir d’autorité à Budapest, où au prix d’un formidable dépassement sur Schumacher au 1er virage, il s’impose au bout des 77 tours de course sous la chaleur Magyare. Mika Häkkinen 74 points, Michael Schumacher 68 points. 15 jours plus tard, ce combat des chefs atteint son paroxysme à Spa-Francorchamps, en plein des Ardennes Belges. Häkkinen part en pôle position sur une piste encore mouillée. Au 13ème tour, alors qu’il compte 4 secondes d’avance sur M.Schumacher, Häkkinen part en tête-à-queue, et se retrouve relégué à 6 secondes de l’allemand. Pire, son retard monte jusqu’à 11 secondes avant l’unique ravitaillement prévu durant ce grand prix. Une fois effectué, la McLaren compte 6 secondes de retard sur la Ferrari.

Petit à petit, dixième par dixième, Mika va remonter sur la Ferrari. Il est dans sa boîte de vitesse au 36ème tour. Il se met à harceler le Baron Rouge, et tente une 1ère attaque dans la montée du Kemmel au 40ème tour, mais l’allemand lui ferme brusquement la porte. Le pourtant flegmatique finlandais ne peut retenir un geste de colère et de frustration. Mais cette défense pour le moins âpre ne refroidit nullement Häkkinen, qui au 41ème tour se place dans l’aspiration de Schumacher à la sortie du raidillon de l’Eau Rouge. Devant lui, Schumi se prépare à doubler un retardataire, Ricardo Zonta sur sa Bar-Honda. L’allemand envisage une manœuvre de défense dangereuse certes, mais d’une rare intelligence. Il se blottit dans l’aileron de la Bar-Honda, et au dernier moment la déboîte. Derrière, Häkkinen devra obligatoirement freiner pour éviter de percuter la Bar du brésilien.
Schumacher met ce plan à exécution, et dépasse la Bar de Zonta au tout dernier moment par la gauche. Juste derrière la Ferrari, Häkkinen ne peut voir Ricardo Zonta, jusqu’à l’instant où Schumacher se décale. Häkkinen va alors, en une fraction de seconde, prendre la folle décision qui va déboucher sur l’un des plus beaux dépassements de l’Histoire : au lieu de freiner pour éviter l’accrochage, Häkkinen choisit de dépasser lui aussi Zonta, mais par l’extrême-droite de la piste, sans jamais lever le pied. Les 3 hommes sont brièvement de front dans la montée du Kemmel, et au freinage des Combes, Häkkinen prend l’avantage sur Schumacher.

Une manœuvre d’une folle audace, l’une des plus belles jamais vues en grand prix qui débouche sur la 18ème victoire en grand prix pour Mika Hakkinen. En descendant de sa McLaren-Mercedes, le finlandais se dirige vers Schumacher. Les deux hommes se parlent, durant quelques secondes. Que se sont-ils dit ? Mystère… Ce qui est sur, c’est que la vengeance d’Häkkinen est terminée. Oui vengeance, souvenez-vous du vase de Soissons ! Nous avions vu dans la 1ère partie l’épisode du grand prix F3 de Macao 1990, et au cours duquel Schumacher avait littéralement jeté hors de la piste Häkkinen. Le finlandais s’était toujours juré de se venger… Ce 27 août 2000, c’est chose faite et de la plus splendide des manières.

Pourtant, après cet exploit, quelque chose semble s’être cassé chez Häkkinen. Comme si après avoir battu d'une si belle manière Schumacher à Spa, le titre mondial n'était plus que secondaire. Malgré ses 6 points d’avance au championnat, à 4 courses de la fin, Mika ne sera que l’ombre de lui-même. 2ème à Monza, il renonce sur casse moteur à Indianapolis et perd son titre à Suzuka au profit de Michael Schumacher en terminant 2ème derrière la Ferrari. Enfin à Sepang, il termine 4ème après une course bien terne.

La saison 2001 confirmera ce constat implacable, à trois exceptions près. Il commence sa saison à Melbourne par une énorme frayeur, sa suspension casse à près de 260km/h et il finit sa course dans le mur de pneus, alors qu’il était 2ème loin derrière Schumacher. 2ème grosse frayeur à Interlagos où il cale le moteur de sa McLaren au départ. Le fait qu’aucun pilote ne vienne heurter la McLaren immobile relève proprement du miracle ! Entre temps, ça n’était pas bien brillant question performance : il avait sauvé la 6ème place à Sepang de justesse, après une âpre bagarre avec la modeste Arrows-Asiatech de Jos Verstappen. 4ème à Imola, Häkkinen est en mesure de pouvoir effacer ce calamiteux début de saison à Barcelone. A l’issue des 2èmes ravitaillements il prend l’avantage sur Schumacher et file vers sa 19ème victoire en carrière. Mais dans le 4ème virage du tout dernier tour de course, patatras ! Son embrayage explose, et le contraint à l’abandon. Chez Häkkinen, pas de larmes, pas de signe d’énervement, juste une immense déception. Quelle classe !
Comme un signe du destin, il enchaîne les deux grands prix suivant (Autriche et Monaco) par deux abandons, avant de renouer avec le podium à Montréal en terminant 3ème.

Décevant 6ème au Nürburgring, il abandonne même dans le tour de chauffe du grand prix de France. Mika Häkkinen rompt ce signe indien deux semaines plus tard, le 15 juillet. Placé en 1ère ligne du GP de Grande-Bretagne, Häkkinen dépasse sans coup férir Schumacher au 4ème tour et s’envole. Il survole ce grand prix, et empoche sa 19ème victoire en carrière, plus de 33 secondes devant Michael Schumacher ! Cette splendide victoire et l’une des rares oasis dans le désert de la saison 2001 pour le finlandais : suivent un abandon à Hockenheim, une anonyme 5ème place à Budapest, une non-moins terne 4ème place à Spa-Francorchamps puis un abandon à Monza où il a annoncé vouloir prendre une année sabbatique. Son dernier coup d’éclat sera une dernière victoire à Indianapolis, la 20ème de sa carrière au cours d’un grand prix où c’est cette fois lui qui a donné une leçon de stratégie aux Ferrari. Sa carrière se termine sur une nouvelle 4ème place à Suzuka à l’issue d’une course sans grand relief.

Mika Häkkinen peut alors se consacrer à sa femme Erja, et son jeune fils Hugo. En 2002 il annonce finalement sa retraite définitive du monde de la formule 1. Il ne reprendra le volant d’une voiture de course qu’en 2005, dans le championnat DTM sur une Mercedes bien entendu. Après 3 saisons, 3 victoires, 3 pôles positions et un dernier galop d’essais sur une McLaren-Mercedes F1, Häkkinen raccroche définitivement son casque fin 2007. Avec sa retraite disparait un des pilotes les plus doués de sa génération, le seul qui pouvait légitimement prétendre affronter, et parfois battre Michael Schumacher. Ce miraculé a réussi un exploit peut-être encore plus grand que celui effectué par Niki Lauda en son temps : revenir à la compétition après avoir frôle la mort, et même devenir meilleur qu'avant l'accident. Une formidable leçon de courage de la part de ce pilote plein de panache et de fair-play.
Tiens au fait, lors de sa dernière course à Suzuka en 2001, il occupait la 3ème place du grand prix, mais à quelques tours de l’arrivée il cède cette place et le podium à son équipier David Coulthard. Pourquoi ? En remerciement, tout simplement ...

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