Petite séquence perso aujourd’hui, je vais vous raconter un peu ma vie. Bon en l’occurrence, c’est déjà quelque chose qui commence à dater (snif) : ma première fois … aux 24 heures du Mans (les pervers doivent être déçus :p)
Aller aux 24 heures, c’était déjà une idée qui me trottait dans la tête depuis un petit moment. Et puis dans le mois de mai, après une rupture sentimentale j’ai voulu me changer les idées. Quoi de mieux qu’aller à une course de légende pour ça ?
Les choses se sont goupillées assez vite, et facilement. A tel point que je n’ai même pas eu à payer ma place, puisqu’un ami parisien qui avait acheté sa place, et qui finalement n’a pas pu se libérer pour la semaine des 24 heures, me l’a gentiment cédée. Je l’en remercie encore vivement !
Donc ensuite, une fois tous les détails logistiques réglés (achat d’une tente, de vivres, etc.) le grand jour du départ arrive. Ou plutôt le grand soir !
Mercredi 10 juin 2009, départ pour Le Mans. Alors partir en train au Mans de Béziers, c’est toute une aventure ! Il y a l’option Béziers-Le Mans via Paris, très rapide (environ 6 heures) mais extrêmement chère. Pour ma part, j’ai décidé d’emprunter le train de nuit et les TER, option beaucoup plus économique. Mercredi soir donc, départ de Narbonne (et oui, ce train ne passe pas à Béziers !) vers 23h. Après une très courte nuit de sommeil sur une couchette pas très confortable, voilà mon premier arrêt, dans une terre qui ne m’est pas tout à fait inconnue : Vierzon. Alors, pour ceux qui connaissent, déjà que la journée c’est pas bien rempli Vierzon, vous imaginez à 5h30 du matin ! Une demi-heure plus tard, me voilà dans un TER, direction mon 2ème arrêt, Tours. Et à Tours, changement de TER pour la direction du Mans. A 9h, me voilà enfin arrivé !
Les Manceaux ont fait les choses en grand pour ces 24 heures. Dès le pied posé sur le quai, la direction du circuit est indiquée. Pour cela, il faut emprunter un tramway, et après un trajet d’une dizaine de minutes, me voilà arrivé sur ce site historique. Ca fait tout de suite battre le cœur un peu plus vite quand on franchit le portal d’entrée !
Ensuite, encore 25mn de marche pour aller récupérer mon emplacement de camping, et après c’est là que ça se complique. Aller au Mans en train, c’est sur que c’est économique. Mais alors par contre une fois sur place, c’est la merde, vu que le circuit fait 13 km de long. Aller d’un point à un autre du tracé à pied, harnaché comme je l’étais (tente quechua, duvet, sac de voyage et sac à dos) c’est vite crevant ! Résultat, à 12h lorsque j’ai posé ma tente, je me suis rendormi jusqu’à 16h. Ensuite, petit tour obligé dans les paddocks et la ligne des stands, ouverte au public (tiens, la F1 devrait en prendre de la graine). J’ai pu y croiser Jacky Ickx, Franck Lagorce, Olivier Panis, Marc Gené, Hugues de Chaunac … bref que du beau monde ! Le soir venu, les voitures entrent en piste pour la fin des qualifications. Une Peugeot en pôle, ça commence bien ^^
Le lendemain, vendredi pas de courses au programme. Mais une journée pourtant bien remplie ! Elle commence par une visite au musée des 24 heures, rassemblant une grande collection d’anciennes voitures mythiques. Un pur régal ! Ensuite direction le centre-ville du Mans pour une rapide visite de cette fort jolie ville. Après un arrêt à la gare pour prendre mon billet de retour, direction une grande surface pour compléter mon ravitaillement. Et ensuite, direction la parade des pilotes. C’est un moment très spécial dans la semaine des 24 heures : tous les participants défilent dans le centre-ville du Mans, ainsi que des voitures d’exception. C’était un peu le bordel, à cause de la participation de Patrick Dempsey qui a déclenché une vague limite hystérique à son passage !
Une fois la parade terminée, retour au circuit pour une longue nuit de sommeil. Normal, demain c’est le grand jour !
Samedi debout 6h ! Après une douche et un petit déjeuner frugal, encore une heure de marche pour rejoindre les gradins de la ligne droite des stands. J’ai bien fait de me lever si tôt, j’ai la chance de pouvoir m’asseoir à une très bonne place, juste devant le stand Audi. Après les courses annexes de la matinée, vers 13h la tension commence à monter. Les gradins se remplissent, et bientôt il devient impossible de quitter sa place ! Sur l’ensemble du tracé, on estime le nombre de spectateur à environ 250.000 ! Petit à petit les voitures sont amenées sur la grille. Les plus populaires sont évidemment les Peugeot, devant les superbes Lola Aston-Martin et les Audi. 14h, les hymnes nationaux commencent à être joués. Les hymnes Danois, Néerlandais et Allemands sont repris ça et là. Arrive alors le God Save the Queen, repris en chœur par des dizaines de milliers de fans britanniques. En réponse à cette provocation, on se devait de répondre en entonnant à notre tour la Marseillaise. Drapeau français en berne, main sur le cœur, Babounet y participe aussi :p Un sacré moment d’émotion !
Et puis, voilà le départ. Les 55 voitures passent en peloton serré devant nous, au baisser du drapeau national. Quel bonheur ! Très vite les Peugeot prennent les devant, et les ennuis commencent à accabler les Audi.
Le soir venu vers 21h, je décide de m’accorder un peu de repos afin d’être de retour le plus tôt possible le lendemain matin. En retournant à ma tante, je croise un mec qui tient une grande croix catholique, où est inscrite ce message : 12/06/2009 RIP Formula 1. A l'heure où le microcosme de la F1 se plaint de la désaffection du public (qui a tout à fait raison d'ailleurs), les 24 heures du Mans font le plein de spectateurs. Tout un symbole ...
En fait, je serais revenu dans les gradins à 3h ! Sentant la victoire possible des Peugeot, j’en profite pour me placer juste devant les stands du constructeur français. J’assiste à la profonde inquiétude qui règne quelques minutes plus tard après le grave accident de Benoît Trélulyer sur la Peugeot de l’équipe Pescarolo, puis au soulagement lorsque le français est sorti indemne de l’épave.
La course reprend ses droits, et je peux assister tranquille à l’étrange ballet des voitures transperçant la nuit mancelle. C’est un spectacle saisissant, enivrant et inquiétant à la fois. Notre immense respect envers les pilotes ne prend que plus de dimension à cette heure de la nuit : il faut de sacré couilles pour piloter une voiture à plus de 300km/h dans la nuit noire, avec des phares qui n’éclairent pas beaucoup mieux que les feux de routes de nos voitures de tourisme.
Le lever du soleil est également un moment magique, le spectacle en devient irréel et magique. Et puis, comme la veille, les gradins se remplissent au fur et à mesure de l’avancée de l’horloge. Dès 10h du matin, il n’y a plus moyen de sortir des tribunes sans se faire prendre sa place. La tension grimpe elle aussi, deux Peugeot sont en tête. D’autant plus que de gros nuages viennent assombrir le ciel sarthois. Finalement, seules quelques gouttes feront leur apparition, sans rien changer au déroulement de la course.
Bizarrement, la fin de matinée est calme : on a l’impression que tout le monde retient son souffle, en attendant 15 heures. Ces dernières heures d’ailleurs paraissent sans fin. L’incendie d’une Porsche dans la voie des stands nous redonne de la voix, et à un peu moins d’une heure de l’arrivée, chaque passage des Peugeot est accueilli par les vivas de la foule, et les miens comme de bien entendu. Vers 14h50, les voitures repassent devant nous une avant-dernière fois. La Peugeot n°=8 (Stéphane Sarrazin, Sébastien Bourdais, Franck Montagny,), 2ème, a ralenti pour se faire prendre un tour par sa sœur, la Peugeot n°=9 (David Brabham, Marc Gené, Alexander Wurz) qui occupe la tête, et ainsi offrir aux photographes une bien belle photo de famille. Les voitures qui appartiennent aux mêmes écuries en font de même, comme il est de coutume aux 24 heures du Mans. De même, les commissaires de piste saluent les pilotes au cours de leur dernier tour en agitant leurs drapeaux au passage des voitures.
Dans la tribune des stands, on commence presque à respirer : la victoire n’est plus qu’à 13 kilomètres des Peugeot. Les mécaniciens de la marque au lion sortent de leurs box, et viennent escalader le mur des stands pour y attendre leurs pilotes. Ils ont bien évidemment remarqué que droit devant eux, la tribune des stands est quasiment entièrement acquise à la cause française. Ils vont jouer alors les chauffeurs de salle, en demandant au public une ovation, requête à laquelle nous répondons avec joie, et cela quasiment sas interruption dans ce dernier tour.
Enfin, les voitures apparaissent au loin, à l’entrée des dernières chicanes. Daniel Poissenot, le directeur de la course, agite son drapeau devant la Peugeot n°=9 pilotée par Marc Gené. Je crois qu’il ne manque pas un mécano pour partager, sur le muret des stands, ce moment historique. Ca y’est, Peugeot a enfin remporté les 24 heures du Mans, pour la première fois depuis 1993. C’est du délire dans les tribunes, on se serait vraiment cru au stade de France le 12 juillet 1998 ! On est quelques uns à esquisser une petite larme. Comme dirait Bernard Tapie, c’est idiot, on devrait pas pleurer dans un tel moment ! Les vaillants mécaniciens de Peugeot eux aussi sont en larmes : entre les scènes d’allégresse, ils sont nombreux à nous féliciter, juché sur le mur des stands, en nous désignant du doigt et en applaudissant : cette victoire c’est aussi un peu la nôtre, le soutien que l’on a apporté à la firme française est récompensé.
Toutes les voitures qui franchissent la ligne d’arrivée sont acclamées : avec quand même une mention spéciale aux Lola-Aston Martin ainsi qu’à l’Oreca n°=5 pilotée par Olivier Panis, Nicolas Lapierre et Soheil Ayari, formidables 5èmes de ces 24 heures du Mans, et 1ère voiture essence. Sur le mur des stands, pas une équipe ne manque à l’appel : tous viennent applaudir leurs pilotes. Et chaque pilote lui aussi remercie la foule et son équipe, peu importe qu’il ait terminé premier ou dernier. C’est ça le Mans, une communion géniale entre le pilote, son équipe, et la foule.
A peine le temps de nous remettre de ces émotions qu’il faut se précipiter hors des tribunes pour pénétrer sur la piste et se retrouver le plus près possible du podium. C’est de nouveau l’ovation générale quand les vainqueurs entrent sur le podium, et de nouveau on chante la Marseillaise pour célébrer la victoire de Peugeot. Après la traditionnelle douche au champagne, je termine pour ma part ces 24 heures du Mans par un court passage dans les paddocks, d’où sortent justement Olivier Panis et le patron d’Oreca Hugues de Chaunac tous sourires, qui sont acclamés et félicités pour leur exploit.
Voilà, c’est fini ! Il est temps de se diriger vers la sortie, prendre le tramway, et rejoindre la gare du Mans. Bilan du week-end ? Plein de coups de soleil sur la figure, un jean troué, un portefeuille qui a entièrement pris l’eau, des kilomètres avalés à pied, mais surtout des moments inoubliables. J’en ai eu pour mon argent, et si plus jamais je ne retournerais sur un grand prix de F1, il est en revanche certain que je reviendrais aux 24 heures du Mans. Et cela dès l’an prochain, je l’espère !
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