Compte tenu de mon manque de temps, j'ai décidé de diviser ce 4ème opus en 3 partie. Voilà ce soir la 2ème ! Nous avions laissé Mika Häkkinen fin 1995, en véritable miraculé. Comment allait-il aborder son retour à la compétition, début 1996?

Pour la 1ère fois de son histoire, Melbourne accueille un grand prix de formule 1, il s’agit en l’occurrence de la 1ère épreuve du championnat 1996 : le GP d’Australie. Un grand prix en forme de test pour Mika Häkkinen, dont on ignore encore s’il retrouvera son meilleur niveau. En fait, cette incertitude s’estompera bien vite : Häkkinen est 5ème des qualifications, et termine le grand prix à la même place. 3 semaines plus tard il est 4ème du GP du Brésil. Après ces résultats impressionnants, le finlandais enchaîne au cœur de l’été avec de nouvelles bonnes performances : il termine 8 des 10 derniers grands prix dans les points, signant notamment 4 podiums à Silverstone, Spa-Francorchamps, Monza (après être remonté depuis la dernière place suite à un arrêt au stand prolongé) et enfin Suzuka, à chaque fois à la 3ème place. A titre de comparaison, son nouvel équipier l’écossais David Coulthard, ne monte que sur 2 podiums, et termine la saison avec 18 points contre 31 à Häkkinen. Malgré cette comparaison peu flatteuse, Coulthard s’entendra immédiatement avec son équipier finlandais : c’est le début d’une collaboration qui durera 6 ans.
Une collaboration encore plus fructueuse pour l’écurie McLaren l’année suivante : en passant des couleurs rouges et blanches de Marlboro, à celle argentée du cigaretter West, les monoplaces mues par les blocs Mercedes ont ainsi retrouvé leur surnom originel de « flèches d’argent ». Au volant de l’une d’elle, Häkkinen va y réaliser sa meilleure saison, bien que dominé par son équipier David Coulthard. L’écossais remporte en effet deux grands prix (à Melbourne en début d’année puis à Monza), et inscrit 36 points. De son côté, Mika marque 27 points : après un bon début de saison (10 points en 4 courses), le « Flying Finn » connaît un très long passage à vide jusqu’au GP de Grande-Bretagne à Silverstone, au cours duquel il doit renoncer en fin de course, moteur cassé alors qu’il occupait la tête du grand prix. Deux semaines plus tard il est 3ème du GP d’Allemagne, renouant avec le podium. Il termine de nouveau 3ème à Spa-Francorchamps mais est disqualifié (essence non-conforme), puis 4ème en fin d’année à Suzuka. Entre temps lors du GP du Luxembourg, le finlandais a connu une énorme désillusion en abandonnant au 43ème des 67 tours de course sur casse moteur, après avoir signé la 1ère pôle position de sa carrière et mené l’intégralité de l’épreuve.
Et puis le 26 octobre 1997, lors du GP d’Europe, en bénéficiant de l’abandon de Michael Schumacher à la suite d’un accrochage avec Jacques Villeneuve que l’allemand avait lui-même provoqué, ainsi que d’une consigne d’écurie demandant à son équipier Coulthard de le laisser passer, Mika remporte dans les derniers mètres de cette course, sa 1ère victoire en formule 1, après 95 grands prix. Il ne le sait pas encore, mais Häkkinen vient de franchir un cap décisif.
Profitant du retrait du motoriste Renault, l’écurie McLaren-Mercedes va très vite s’imposer, début 1998, comme l’écurie à battre (et à abattre). La McLaren-Mercedes MP4/13 conçue par Adrian Newey est un petit bijou de technologie, malgré les controverses l’entourant, notamment sur la légalité de son système de freinage. En atomisant les chronos durant l’intersaison, Häkkinen et Coulthard se placent en grands favoris. Un statut confirmé à Melbourne pour le 1er grand prix : les flèches d’argent trustent la 1ère ligne, Häkkinen devant Coulthard. L’ordre restera le même durant la course, jusqu’au 36ème tour : Häkkinen rentre à son stand … mais en ressort immédiatement : un malentendu à la radio l’a poussé à rentrer alors que rien ni personne ne l’y attendait ! Coulthard prends donc la tête, mais au 56ème des 58 tours de course, l’écossais laisse passer Mika Häkkinen, qui reprend la tête : un gentleman-agreement passé entre les deux hommes stipulait que l’homme qui occuperait la tête du peloton au 1er virage ne serait plus inquiété pour la victoire. Au 1er virage, c’était bien Häkkinen qui menait devant Coulthard. L’écossais a respecté scrupuleusement les termes de ce contrat moral, et a laissé la victoire à Häkkinen qui montera sur le podium de Melbourne en larmes. Mika réédite sa victoire à Interlagos, devant Coulthard et la Ferrari de Schumacher reléguée à plus d’une minute, preuve de la supériorité des flèches d’argent en ce début de saison. Pourtant à Buenos Aires, Häkkinen ne peut faire mieux que 2ème derrière Schumacher. Mais le défaut de cette voiture, c’est bien la fiabilité : à Imola, Mika connaît son 1er abandon de la saison, boîte de vitesses cassée, il doit laisser les lauriers à son équipier Coulthard qui revient à 3 points au championnat du monde. Le Finlandais volant réagit superbement en emportant deux magnifiques victoires à Barcelone et Monaco.
Il connaît ensuite un long passage à vide : abandon dès le départ à Montréal, sur un autre problème de boîte de vitesses, 3ème du GP de France derrière les deux Ferrari de Schumacher et Irvine, 2ème du GP de Grande-Bretagne une nouvelle fois derrière Schumacher. Il reste 7 courses, et Häkkinen ne compte que 2 points d’avance sur Schumacher. Coup sur coup le finlandais remporte les GP’s d’Autriche et d’Allemagne, augmentant son avance à 16 points. Puis à Budapest il ne peut faire mieux que 6ème, en ayant parcouru les derniers tours au ralenti suite à des problèmes de boîte de vitesses (encore !). La victoire de Schumacher relance le championnat : à Spa les deux hommes renoncent suite à deux accrochages distincts. A Monza, pendant que Schumacher comble les Tifosis avec une victoire, Häkkinen termine péniblement à la 4ème place, après des problèmes de freins. Il reste 2 courses, et les deux rivaux comptent chacun 80 points.
Au Nürburgring pour le GP du Luxembourg, Häkkinen s’impose devant Schumacher et prend un avantage de 4 points sur l’allemand. Une victoire à Suzuka lui donnerait le titre mondial. C’est pourtant Schumi qui signe la pôle, mais le pilote Allemand doit s’élancer du fond de grille après avoir provoqué un drapeau rouge en calant ! La voie est donc libre pour Häkkinen, qui empoche le titre mondial dès le 32ème tour : après une folle remontée qui le mène jusqu’à la 3ème place, Schumacher doit abandonner suite à une crevaison. Häkkinen remporte finalement sa 9ème victoire en carrière, et son 1er titre de champion du monde, le premier à échoir à un finlandais depuis le titre de Keke Rosberg en 1982. Il permet également à McLaren-Mercedes de remporter la couronne des constructeurs. Le blond scandinave, à la descente de sa voiture, tombe dans les bras de son équipier David Coulthard avant de courir aux pieds des tribunes de Suzuka pour y saluer ses supporters. Incontestablement, c’est le triomphe d’un mec bien.
Un triomphe que d’aucun annoncent cependant sans lendemain : la McLaren-Mercedes était tellement supérieure à ses rivales, que pour certains c’est elle qui a permis au finlandais de remporter le titre, et non le pilotage d’Häkkinen (pourtant il a signé au cours de l’année 1998 9 pôle positions sur 16 possibles). Il va donner à ses détracteurs une cinglante réponse l’année suivante.
Très peu de choses changent en 1999. Les équipes McLaren et Ferrari gardent leurs duos inchangés, et tout le monde s’attend à voir un nouvel épisode du duel Häkkinen-Schumacher, pourquoi pas troublé par Coulthard et plus sporadiquement par Irvine. L’irlandais, fidèle lieutenant de Schumacher chez Ferrari depuis 1996 va pourtant être, à la surprise générale, la révélation de cette saison. A Melbourne pour le 1er grand prix de l’année, Häkkinen signe la pôle position (avec 1’’3 d’avance sur la première Ferrari celle de Michael Schumacher), mais doit renoncer après 21 tours, sur problèmes d’accélérateur. Schumacher retardé par d’innombrables soucis, Coulthard hors-jeu dès le 13ème tour, c’est finalement Irvine qui s’impose pour la 1ère fois de sa carrière. On ne le sait pas encore, mais le vrai rival d’Häkkinen, c’est lui.
A Interlagos Häkkinen remet les pendules à l’heure et s’impose sans coup férir face à Schumacher et la Jordan-Mugen Honda d’Heinz-Harald Frentzen. 3ème manche de la saison, Imola et le GP de Saint-Marin. Tout commence bien pour Häkkinen qui après 17 tours de course mène avec 12 secondes d’avance sur Coulthard, et 16 sur Schumacher. Pourtant, à la fin du 17ème tour, le finlandais commet une erreur incroyable dans la dernière chicane, part en tête-à-queue et frappe le mur. Une bourde qui coûte cher : la victoire revient à Schumacher devant Coulthard. Ca n’est pas forcément mieux 15 jours plus tard à Monaco, puisque Mika doit se contenter de la 3ème place derrière Schumacher et Irvine, après avoir pourtant signé sa 4ème pôle en 4 courses. Il dégringole à la 3ème place du championnat, à 12 points de Schumacher.
Mika Häkkinen réagit à Barcelone en remportant le GP d’Espagne devant son équipier Coulthard. Schumacher, 3ème, n’est plus qu’à 6 points. Et Mika va prendre la tête du championnat lors de la course suivante à Montréal, en remportant ce GP du Canada tandis que Schumacher s’élimine de l’épreuve après une sortie de route. 2 semaines plus tard il termine 2ème du terrible GP de France, disputé dans des conditions très difficiles : alors que Frentzen l’emporte, Schumacher ne termine que 5ème. L’allemand est relégué à 8 points de son rival finlandais.
Häkkinen qui va se retrouver privé de son principal adversaire le 11 juillet 1999, lors du GP de Grande-Bretagne : Schumacher sort violemment de la piste peu après le départ, alors que le drapeau rouge vient d’être sorti. La Ferrari vient s’écraser à plus de 150 km/h dans le mur de pneus du virage de Stowe. Schumacher est extrait de sa monoplace les deux jambes brisées net. Häkkinen n’en profite pas immédiatement, il doit renoncer au 35ème tour après la perte de sa roue arrière-gauche. La victoire revient à Coulthard devant Irvine, qui signe la bonne opération du week-end : avec 32 points il revient à 8 longueurs d’Häkkinen. Un retard qui se réduit d’abord à 2 points après le GP d’Autriche qu’Irvine gagne devant Coulthard. Häkkinen n’est que 3ème, car le finlandais est remonté du fond du classement après un accrochage au 2ème virage du grand prix… avec son propre équipier ! Mika n’est pourtant pas au bout de ses peines : à Hockenheim la semaine suivante, Häkkinen est victime d’une impressionnante sortie de route suite à la crevaison de son pneu arrière-droit. La victoire, initialement dévolue à Mika Salo (le remplacement de Schumacher) échoue à Eddie Irvine qui bénéficie des consignes d’équipe imposant à Salo de lui laisser la 1ère place. Grâce à ce succès l’Irlandais s’installe aux commandes du championnat avec 8 points d’avance sur Häkkinen.
Le champion en titre met fin à cette série noire en remportant le GP de Hongrie, devant Coulthard et Irvine. Il reprend même la tête du championnat à Spa-Francorchamps en terminant 2ème de l’épreuve derrière Coulthard (non sans avoir évité de justesse un nouvel accrochage au départ avec ce dernier !).Häkkinen parait ensuite pouvoir prendre un avantage décisif sur Irvine lors du GP d’Italie à Monza : après la mi-course il mène largement alors qu’Irvine est englué en 8ème position : ce succès donnerait à Mika 11 points d’avance sur Irvine. Las ! Au 29ème tour, comme à Imola en début de saison, Häkkinen commet une erreur monumentale, et perd le contrôle de sa McLaren-Mercedes dans la 1ère chicane. Il sort de sa voiture fou de rage, et va se réfugier à l’abri des arbres pour y pleurer de longues minutes. La bonne opération est effectuée par Frentzen qui remporte ce GP d’Italie. Irvine, 6ème, revient à égalité de points avec Häkkinen (60 unités). Frentzen est 3ème avec 50 points devant Coulthard 48 points.
La 14ème des 17 épreuves du championnat 1999, le GP d’Europe sera la course la plus folle de la saison. Disputée dans des conditions changeantes et piégeuses, Coulthard et Frentzen, contraints à l’abandon, sont quasiment éliminés de la course au titre. Irvine, victime d’un incroyable cafouillage dans le stand Ferrari lors de son arrêt, termine hors des points en 7ème position. Häkkinen, un moment relégué au 14ème rang à cause d’une stratégie désastreuse, parvient à remonter en 5ème position et à arracher deux points. Pour l’anecdote, après les abandons des leaders successifs (Frentzen puis Coulthard, Ralf Schumacher et Fisichella), c’est Johnny Herbert (Stewart-Ford) qui signe une victoire totalement inattendue devant la Prost-Peugeot de Jarno Trulli, et la 2nde Stewart celle de Barrichello. Häkkinen 62 points, Irvine 60 points.
L’avant-dernière épreuve du championnat 1999 se déroule sur le tout nouveau circuit de Sepang en Malaisie. Michael Schumacher y effectue un retour à la compétition tonitruent en signant la pôle position. Il s’efface très devant son équipier Irvine, l’Allemand se chargeant ensuite de retenir la McLaren-Mercedes d’Häkkinen. Lorsqu’au jeu des ravitaillements l’Allemand reprend la tête de la course devant Irvine, Häkkinen n’est pas en mesure de contester la victoire aux Ferrari. « Schumi » laisse donc logiquement passer Irvine, qui s’en va signer tranquillement sa 4ème victoire de l’année. Mais la joie est de courte durée : les deux voitures rouges sont disqualifiées après le contrôle technique : leurs déflecteurs latéraux ne sont pas aux mesures règlementaires. Häkkinen, 3ème, semble donc devoir être déclaré vainqueur, ce qui lui donnerait du même coup le titre mondial.
Mais afin de préserver le suspens dans la course à la couronne mondiale, la Fédération Internationale de l’Automobile décide d’annuler cette décision, et redonne la victoire à Irvine. A deux semaines du dénouement du championnat la situation est donc la suivante : Irvine 1er 70 points, Häkkinen 2ème 66 points. Qui des deux hommes va remporter le titre 1999 ?