La Finlande ne fait pas partie des nations les plus prolifiques en pilotes de grands prix. Cependant, la majeure partie de ces pilotes menèrent une grande carrière.A l’occasion de son 41ème anniversaire, gros plan aujourd’hui sur l’un d’entre eux, Mika Häkkinen.
Mika nait le 28 septembre 1968 à Vantaa, dans l’agglomération d’Helsinki en Finlande. Très vite, son goût pour la compétition automobile se révèle au grand jour puisqu’à 5 ans il se retrouve au volant d’un karting ! Le jeune Mika est décidemment bien précoce : il remporte sa 1ère course à 7 ans, et son premier championnat à 10 ans ! Tel un météore dans le ciel finlandais, Hakkinen survole ses adversaires partout où il passe : entre 1979 et 1986 il remporte la bagatelle de 6 titres ! En 1987 il accède logiquement à la formule Ford, en disputant le championnat scandinave qu’il remporte haut la main.
La Finlande semble avoir trouvé un successeur à Keke Rosberg, champion du monde F1 1982 et qui a pris sa retraite en 1986. Mais pour cela, Mika Häkkinen doit impérativement se distinguer hors des frontières nordiques. C’est chose faite en 1988 lorsqu’il dispute, et remporte brillament, le championnat européen de formule Opel. Ce coup d’éclat le propulse dans le très relevé championnat anglais de Formule 3. C’est à ce moment que le jeune Häkkinen est pris en mains par ce même Keke Rosberg, qui gère déjà la carrière de son compatriote JJ Lehto, qui débute sa carrière en formule 1 à ce moment-là.
Cette même année Häkkinen termine 7ème du championnat britannique de F3, qu’il remporte de main de maître l’année suivante devant son compatriote Mika Salo. Et ce n’est pas tout ! Mika s’offre une excursion dans le championnat allemand de F3, pour y affronter l’une des étoiles montantes du sport automobile germanique, un certain Michael Schumacher… Mais le futur septuple champion du monde F1 est battu à plates coutures par le blond finlandais, qui remporte l'épreuve d’Hockenheim, avec en bonus la pôle position et le meilleur tour en course.
Les deux hommes se retrouvent quelques semaines plus tard à Macao, une enclave portugaise en Chine qui accueille chaque année le plus prestigieux des grands prix de F3. Häkkinen y remporte la 1ère course, mais lors de la 2ème est bloqué derrière le leader, Michael Schumacher. C’est pourtant le finlandais, au classement cumulé, qui occupe la tête du meeting. Il pourrait se contenter d’une deuxième place dans cette deuxième course … mais non.
A l’abord du dernier tour, Häkkinen se blottit dans l’aspiration de la monoplace de Schumacher. Le finlandais déboîte, se porte à la hauteur de l'allemand qui se rabat sur son rival ! Häkkinen part en tête-à-queue, et vient frapper violemment les rails du circuit urbain de Macao. Schumacher parvient à boucler ce dernier tour sans aileron arrière, et remporte le grand prix de Macao de F3. Inutile de dire qu’Häkkinen, même s’il n’en laisse rien transparaître, est furieux. Et dans son for intérieur, il espère pouvoir se venger, un jour ou l’autre …
Malgré cette déception de fin de saison, le talent d’Häkkinen n’est pas passé inaperçu : ainsi, l’écurie Lotus le recrute pour la saison 1991 de formule 1. Alors bien entendu, l’équipe britannique n’est plus ce qu’elle était, et elle se bat aujourd’hui plutôt pour la qualification que pour la victoire. Pour son premier grand prix à Phoenix, Häkkinen signe un excellent 13ème chrono en qualifications. En course, il se fait un grosse peur lorsque son volant se bloque dans la ligne droite des stands !
Pour son 3ème grand prix, disputé sur un piste d’abord humide puis s’asséchant, le protégé de Keke Rosberg termine 5ème, inscrivant ses deux premiers points au championnat du monde ! La suite de la saison est malheureusement moins bonne : handicapé par son V8 Judd, le moteur le moins puissant du plateau, Häkkinen n’inscrira plus aucun point.
Cela ne l’empêche pas de rempiler chez Lotus l’année suivante. Une équipe où il se sent bien, l’ambiance y est conviviale, surtout avec son équipier Johnny Herbert. L’équipe britannique a troqué ses V8 Judd pour des traditionnels Ford-Cosworth, un peu plus puissants. Le début d’année, sur la monoplace de 1991 faiblement modifiée, est difficile. Hakkinen parvient pourtant à marquer le point de la 6ème place à Mexico après un départ explosif qui l’a vu passer de la 18ème à la 9ème place ! La nouvelle voiture, la Lotus 107, arrive à Monaco. Les résultats s’en ressentent très vite : Häkkinen se qualifie désormais en milieu de grille, et à Magny-Cours il signe une étonnante 4ème place, arrachée de haute lutte dans l’avant-dernier tour à la Ligier-Renault d’Erik Comas. Une semaine plus tard il termine 6ème du GP de Grande-Bretagne. Il est également 4ème du GP de Hongrie, 6ème du GP de Belgique, et 5ème du GP du Portugal. Mais son principal fait d’arme reste le GP du Japon à Suzuka. Alors qu’il occupe la 4ème place, Nigel Mansell alors 2ème renonce à 9 tours du but. Häkkinen semble alors pouvoir monter sur le podium,(le 1er pour Lotus depuis le GP d’Australie 1988). Las ! Une casse moteur le contraint à l’abandon. Le bilan de cette saison est néanmoins flatteur pour Häkkinen : avec 11 points, il est 8ème du championnat pilotes, alors que son équipier Herbert termine 14ème avec 2 points.
Blond, visage poupin, espiègle et surtout très charmeur, Häkkinen fait l’unanimité autour de lui. Et il est bien entendu très convoité… C’est Ron Dennis qui l’engage, en lui proposant le poste de pilote d’essais chez McLaren, qui a déjà donné sa parole à Michael Andretti pour l’obtention du 2ème volant aux côtés d’Ayrton Senna. Qu’à cela ne tienne, Mika va pendant ce temps disputer la coupe Porsche, en lever de rideau des grands prix (il remporte 2 victoires). Puis il est appelé en fin d’année pour succéder à Andretti, dont les performances plus que médiocres le renvoyèrent aux Etats-Unis.
Häkkinen va donc débuter sa saison 1993 sur une McLaren-Ford à Estoril, un des circuits les plus exigeants du calendrier, et avec à ses côtés un certain Ayrton Senna … Pas intimidé pour un sou, Häkkinen signe le 3ème temps des qualifs, juste devant son équipier Ayrton Senna ! Le brésilien qui va d’ailleurs rester de longues minutes devant les relevés télémétriques, à chercher comment le finlandais a-t-il pu le battre ! En course, le finlandais pêche par manque d’expérience et s’offre une violente sortie de piste. 15 jours plus tard il est de nouveau 3ème des essais du GP du Japon (derrière Senna cette fois-ci), et rallie l’arrivée à cette même 3ème place. Sur son premier podium en formule 1, il retrouve le vainqueur Ayrton Senna, et le 2ème Alain Prost, 7 titres et plus de 90 victoires à eux deux !).
Ayrton Senna parti chez Williams, Mika Häkkinen est bien entendu confirmé chez McLaren pour 1994, et se voit astreindre le britannique Martin Brundle pour équipier. Mais les McLaren ont troqué leur V8 Ford-Cosworth pour le tout nouveau V10 Peugeot. Un moteur certes puissant, mais souffrant de nombreux défauts de jeunesse. Après 2 abandons à Interlagos et Aïda, Häkkinen renoue avec le podium lors du sinistre GP de Saint-Marin qu’il termine à la 3ème place. Auteur d’une remarquable 2ème position sur la grille à Monaco, il est éliminé d’entrée après un accrochage avec Damon Hill. Suivent ensuite 3 abandons consécutifs sur casse moteur, alors qu’il occupait des places dans les points.
Le finlandais est de retour sur le podium à Silverstone, après le déclassement de Michael Schumacher. 3 semaines plus tard, il est à l’origine d’un carambolage monstrueux au départ du GP d’Allemagne (10 voitures éliminées !), qui lui vaut une suspension d’un grand prix. Et il faut croire que ce repos forcé est bénéfique au finlandais qui signe ensuite 4 podiums consécutifs, avec en point d’orgue une 2ème place au GP de Belgique. Il termine la saison par 2 fausses notes, une 7ème place à Suzuka et enfin une violente sortie de route à Adélaïde. Pas de quoi cependant assombrir le tableau d’une saison globalement bonne (les casses mécaniques lui ont tout de même coûté de nombreux points) : il est 4ème du championnat pilotes, avec 26 points et 6 podiums, tout en dominant assez largement son équipier Martin Brundle.
Mika reste chez McLaren, où l’on change pour la 3ème fois en 3 ans de moteurs ! Le V10 Peugeot est remplacé par le V10 Mercredes. C’est le début d’une collaboration qui dure encore aujourd’hui … Häkkinen est rejoint par un monument du sport automobile : Nigel Mansell, qui a 41 ans rempile pour une 16ème saison !
Enfin, pas tout à fait : le britannique est en effet trop gros pour sa McLaren-Mercedes ! Pour les deux premières courses de l’année, c’est le pilote-essayeur Mark Blundell qui épaule Häkkinen. Il débute sa saison par une 4ème place à Interlagos, avant d’abandonner au départ du GP d’Argentine. Lors du retour du F1 circus en Europe à Imola, Mansell est de retour chez McLaren. Il est un temps 4ème avant de rétrograder au 10ème rang après un accrochage avec Eddie Irvine. Quant à Hakkinen, il rallie l’arrivée en 5ème position.Il ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une disette qui va durer plus de 4 mois ! Pas un seul point de marqué pendant ce laps de temps, et cela malgré des débuts de course souvent intéressants. Häkkinen fait son retour dans les points à Monza, où il termine 2ème après une course par élimination. Un mois plus tard, il réédite cet exploit sur le circuit japonais de Suzuka. C’est donc avec la confiance retrouvée que Mika débarque à Adélaïde pour le dernier grand prix de l’année.
Mais dès le vendredi, c’est le drame. Durant la 1ère séance d’essais qualificatifs, le pneu arrière droit de la McLaren-Mercedes crève, alors qu’Häkkinen aborde la courbe la plus rapide du circuit (un droite négocié à environ 220 km/h). Au moment ou Häkkinen braque pour inscrire sa McLaren dans la courbe, la monoplace est déséquilibrée, part en tête-à-queue et s’envole sur le vibreur. Elle retombe plusieurs mètres plus loin, et vient taper le mur en béton faiblement protégé par une seule rangée de vieux pneus.
Sous la violence du choc, le casque d’Häkkinen a cassé le volant en deux. Le finlandais est dans un état critique : il ne respire plus. Heureusement, dans le poste de commissaires voisin se trouvent un anesthésiste et un chirurgien. Ils accourent sur les lieux du drame, et tentent d’intuber le pilote finlandais. Impossible : sa mâchoire est bloquée. Les deux médecins décident alors de procéder à une trachéotomie de fortune, à même la piste, en lui incisant la gorge. Ils viennent de lui sauver la vie. Häkkinen respire de nouveau, et il est transporté à l’hôpital d’Adélaïde où il est placé en coma artificiel. 24 heures plus tard, Mika se réveille et se rend compte qu’il est dans un hôpital. En voyant l’un des docteurs, il promène deux doigts sur sa poitrine : pourra-t-il remarcher ? Le docteur Lewis lui répond dans un grand sourire, avec le pouce en l’air. Mika se rendort, rassuré : il sait désormais qu’il peut remarcher, et à fortiori piloter de nouveau.
Si cet accident ne laissa aucune séquelle physique à Mika Häkkinen, il le laissa en revanche profondément changé. Autrefois espiègle, un peu « chien fou » le finlandais devient plus calme, réfléchi et introverti.
Or on se souvient notamment de Karl Wendlinger, qui après un terrible accident début 1994, était revenu en formule 1 l’année suivante, mais a du par la suite jeter l’éponge : s’il pouvait reconduire, c’était à plusieurs secondes des meilleurs …
Début 1996 se pose alors la même question pour Häkkinen : pourra-t-il retrouver son meilleur niveau en formule 1 ?
(à suivre ...)